"Le papier de compromis tel qu'il nous a été distribué ne comporte quasiment aucune avancée" pour arriver à un compromis équilibré entre les Etats membres, a déclaré M. Gaymard à quelques journalistes. "Il y a des bricoles qu'il ne faut pas négliger mais sur les grands sujets, il n'y a pas d'avancée de la Commission européenne. Sur la base de ce papier là, il n'y a pas de majorité qualifiée" pour un compromis, a-t-il ajouté. Il n'a pas exclu qu'un nouveau compromis soit mis sur la table en fin de journée jeudi, au terme des réunions trilatérales en "confessionnal" engagées mercredi avec chacun des Etats membres, le ministre grec Giorgios Drys et le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler. Mais il s'est dit "assez pessimiste" sur les chances de voir le marathon de négociation engagé dans l'après-midi sur la réforme de la PAC aboutir avant la fin de la semaine, comme le souhaite la Commission européenne. "Il y a une forte hypothèse qu'il y ait une interruption pendant le week-end et qu'on reprenne la semaine prochaine", a-t-il estimé. Le ministre français a exclu en revanche que la réforme de la PAC soit renvoyée aux chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union européenne qui se réuniront au sommet à partir du 19 juin au soir à Salonique (Grèce). "La Commission craignait que le sujet soit abordé à Salonique. Il ne le sera pas", a assuré M. Gaymard. Il a ajouté que le président français Jacques Chirac et le Premier ministre grec Costas Simitis, président en exercice de l'UE, avaient, lors d'une rencontre la semaine dernière à Paris, "convenu qu'il y avait bien d'autres sujets à traiter oà Salonique et que celui-là, c'était aux ministres de l'Agriculture de le régler". M. Gaymard a présenté l'entente franco-allemande sur la réforme de la PAC annoncée mardi à Berlin par M. Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder comme "une contribution à une solution européenne" du dossier. "Il y a un certain nombre de principes qui ont été actés, qui d'ailleurs sont partagés non seulement par la France et l'Allemagne mais par, je pense, une large majorité des Etats membres", a-t-il indiqué. Le premier de ces principes est que "les avancées que nous aurons dans les jours ou les semaines qui viennent seront pour solde de tout compte et qu'il est hors de question", en cas d'accord, de revenir sur la réforme qui serait entérinée après la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre à Cancun (Mexique). Le second est "l'application à partir de 2007" seulement de toute réforme, conformément à l'accord arrêté par les dirigeants de l'UE en octobre 2002 au sommet de Bruxelles sur un gel de l'architecture actuelle de la PAC jusqu'à fin 2006 et un plafonnement des aides directes aux agriculteurs après cette date. Selon M. Gaymard, qui a lui-même rencontré son homologue allemande Renate Kuenast mardi soir à Berlin, la France et l'Allemagne sont par ailleurs d'accord sur "des choses relativement claires" par rapport au projet de réforme défendu par M. Fischler: "Pas de baisse de prix pour le lait et les céréales, pas de dégressivité des aides, pas de découplage total dans aucune des productions et une modulation (Ndlr, réorientation d'une partie des aides directes vers le développement rural) d'un niveau raisonnable" de l'ordre de 4 à 6% par an à taux fixe. |